DSK propose à Royal une fiscalité "plus juste" et "plus efficace"
PARIS (AP) - Dans son "avis" sur la fiscalité remis officiellement jeudi à Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn prône un "impôt citoyen" que paieraient "tous les Français", y compris ceux qui "délocalisent tout leur argent à l'extérieur". Il propose aussi de revenir sur les baisses d'impôt pour les 1% de contribuables les plus favorisés, de créer une "taxe carbone" ou encore d'encourager les entreprises vertueuses.
La philosophie de cet "avis" d'une quinzaine de pages, remis à la candidate sous forme de clé USB: "mettre la fiscalité au service du développement économique" mais aussi "une fiscalité juste", a expliqué DSK après sa rencontre avec la candidate du PS. "Les socialistes au pouvoir, ce n'est pas plus d'impôts, plus de dépense. Ce sont des impôts plus justes, plus efficaces et des dépenses qui servent l'intérêt national", a-t-il dit. "Il y a des propositions précises" et "je crois qu'elle en reprendra un certain nombre".
La mesure-phare proposée par DSK est la création d'un "impôt citoyen" pour lutter contre l'exil fiscal. Cette idée intervient après la décision décriée de Johnny Hallyday, soutien de Nicolas Sarkozy, de s'installer en Suisse. Il faut "mettre en place un impôt citoyen pour ceux qui se disent Français mais, finalement, n'ont plus de Français que le nom parce qu'ils quittent le pays", a expliqué DSK. L'idée est de "mettre en place un impôt citoyen que paieraient tous les Français même lorsqu'ils ont décidé de délocaliser tout leur argent à l'extérieur".
Autre proposition-clé, DSK préconise de revenir sur les baisses d'impôt dont ont bénéficié les 1% de contribuables "tout en haut de la hiérarchie". "Pendant cinq ans, il y a eu des baisses d'impôt et des hausses de CSG" (contribution sociale généralisée, NDLR), a-t-il expliqué. Or, "à peu près 99% des Français ont payé plus -impôts et CSG réunis- et 1% ont gagné. Ce n'est pas juste", a-t-il jugé. "Ça conduit à revenir sur le bouclier fiscal (impôts plafonnés à 60% des revenus, NDLR) et à revenir sur ce qui est prévu comme baisses pour 2007".
Globalement, l'ancien ministre de l'Economie et ancien rival de Ségolène Royal dans la primaire au PS estime qu'"il faut stabiliser la fiscalité". Mais il n'a pas exclu le principe de baisses d'impôt: "peut-être que si l'économie se passe bien, si les choses se passent bien, au bout de quelques années on pourra entraîner des baisses d'impôt".
Début janvier, une passe d'armes avait opposé Ségolène Royal à son compagnon François Hollande sur la fiscalité. Le patron du PS avait proposé de relever les impôts de 200.000 contribuables dont le salaire excède 4.000 euros net par mois pour un célibataire. Il avait été recadré par la candidate, qui avait chargé le 11 janvier DSK et trois parlementaires (les députés PS Didier Migaud et Eric Besson, et le sénateur François Marc) de lui faire des propositions fiscales.
DSK propose ensuite de mettre en place une "taxe sur le carbone". "Le moment est venu de faire qu'en matière d'environnement, d'écologie, on cesse de faire de beaux discours pour véritablement mettre en place un outil fiscal qui permette de lutter contre les émissions de carbone, contre la dégradation de l'environnement", a-t-il indiqué. L'idée d'une taxe carbone figure dans le Pacte écologique de Nicolas Hulot.
DSK veut également encourager les entreprises vertueuses en jouant sur l'impôt sur les sociétés, en favorisant celles qui embauchent en CDI plutôt qu'en CDD et celles "qui investissent plutôt que celles qui distribuent des dividendes". Des propositions qui figurent déjà pour certaines dans le projet adopté par le PS en juillet dernier.
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